Les actions ne sont ni faciles ni difficiles, elle dépendent de l’habilité de celui qui les exécute. Les choses ne sont ni chères ni bon marché, elle dépendent de la richesse de l’acheteur. Les êtres ne sont ni beaux ni laids, il dépendent du goût de celui qui les regarde. Les choses et les faits n’ont pas de qualités. C’est le spectateur qui leur en attribue. La signification est toujours subjective. On n’aime pas l’autre parce qu’il est parfait, on le croit parfait parce qu’on l’aime.
Comme il est impossible de capter la totalité de l’autre, il est également impossible de le juger. Ne pas dire « il m’a fait mal », mais « j’ai été vulnérable à son acte ». Ne pas dire « il m’a mal expliqué », mais « je n’ai pas compris ce qu’il m’a dit ».
La positivité ou la négativité d’un événement ne lui appartiennent pas de façon intrinsèque, ce ne sont que des interprétations subjectives. Par respect pour la vie sociale, il est préférable de chercher toujours l’interprétation positive.
L’homme meurt d’innombrables fois dans sa vie.
Il avance à travers les jours laissant un sillage de défunts.
À l’intérieur de l’être comme dans une poupée russe il y a une infinité d’êtres.
Seule la consistance impersonnelle reste identique, traversant les multiples mutations de l’âme comme le fil d’un collier de perles.
Alejandro Jodorowsky, L’Echelle des Anges